Gummu : l’art de la danse du sabre par Margot

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La danse du sabre est un des aspects forts du Haidong Gumdo, elle engage profondément le corps, l’esprit et le cœur. Comme toute danse, elle demande une maîtrise technique, ici spécifique à notre art, et spatiale, une conscience de l’esthétique commune à tout art visuel et beaucoup de générosité. Au rythme de mélodies lentes ou dynamiques, le danseur et son sabre évoluent, entité troublante, sur une chorégraphie libre.

Liberté, le mot est lâché.

Liberté de créer, de construire, de puiser allègrement dans les richesses techniques de notre art martial. Liberté de ressentir, de s’exprimer, de donner. Sensation exaltante, euphorisante qui m’envahit immédiatement, pieds nus sur tatamis, Ka Gum à la ceinture, musique soigneusement choisie, je vais composer mon gummu, légère…

Puis ?

Rien.

Le vide, l’espace vierge démesuré me saute au visage, le doute me paralyse.  Incapable de dégainer. Pourquoi dégainer d’ailleurs, dans quel but, que faire de cette liberté, par quoi commencer ? Me voilà, seule, face à l’abyme de l’orgueil. Postures, coupes, axes, appuis, enchainements, tout m’échappe. J’ai les matériaux, les outils, me manque le liant pour créer la matière. Je n’entends même plus la musique, une seule chose m’obsède : respirer. Qu’il est difficile de lâcher prise, de calmer l’esprit, de laisser s’exprimer ses émotions, son corps, son sabre hors du cadre très rassurant de formes techniques codifiées. Comme il est facile de fantasmer, comme il est compliqué d’être sincère. Après plusieurs années de pratique du sabre, rien n’est définitivement acquis, tout est à recommencer.

Un temps s’écoule, long.

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© Dessin Margot Deneuville

Alors, je respire, je me dépouille : orgueil, envie, passion, vanité, peur. Lentement, je laisse maintenant entrer la musique, j’attends que les battements de mon cœur décroissent. L’esprit léger, je fais confiance à mon corps, à sa mémoire, je dégaine.

Les premiers temps sont maladroits, les coupes timides et les déplacements simples. Le sabre tel un miroir reflète sans concession la moindre de mes hésitations, de mes doutes, le plus infime manque de sincérité. Lentement, je me détends et me laisse aller à éprouver le plaisir sincère de ne plus penser mais de ressentir. Puis faire taire la peur, vivre mes émotions, me livrer. La musique est un guide précieux, elle vous enveloppe, vous transporte et permet de mettre à nu, de dévoiler l’objet de cet exercice intense qu’est la danse du sabre : l’acceptation de soi. Evidence peut être mais je comprends à ce moment que le Gummu est un médium de recherche de soi ; une vision personnelle, en accord total avec soi, de la pratique du sabre  librement offerte par le danseur à autrui.

« Le Gummu, c’est s’ouvrir aux autres. »

Margot Deneuville
Instructrice Villemomble Haidong Gumdo

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© Dessin Margot Deneuville