Interview de Maitre Capozzi par le Petit Journal de Saint Augustin

Voici un article que nous pouvions lire récemment dans le Petit Journal de Saint Augustin (77).

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Nous l’avons retranscrit pour que vous puissiez le lire directement sur Haidong-Gumdo.fr :

HAIDONG GUMDO, vous connaissez ? La Voie du sabre coréen. Une voie que Maître Capozzi a empruntée, et qui passe par Saint Augustin.
Il a accepté de répondre à mes questions à l’occasion du cours hebdomadaire qu’il dispense tous les mardis à 2Oh dans la salle polyvalente de Saint Augustin.

DH: Comment êtes vous venu au sabre coréen?
Maître Capozzi: J’ai commencé les arts martiaux à l’âge de trois ans… Judo, karaté, aïkido. J’ai pratiqué le aïkido à haut niveau. Mais l’enseignement que je recevais n’apportait pas de réponse à mes interrogations. Après un accident, je me suis orienté vers le kendo, le sabre japonais. Lors d’un séjour en Corée, j’ai été présenté à un maître du sabre coréen…

DH: C’est là que se produit le déclic…
MC: ça a matché tout de suite ! J’ai suivi l’enseignement du Grand Maître Kim Jeong Ho, qui a été le premier à codifier et rendre publiques les techniques ancestrales du Haidong Gumdo, au début des années 1960. Ce savoir était auparavant transmis uniquement par les moines, par voie orale.

DH: Combien de temps a duré votre formation ?
MC: Elle s’est déroulée sur 10 ans, au bout desquels mes maîtres m’ont dit : « Tu as besoin d’une pause, pars diffuser ton savoir »… Je rentre en France en 2003 pour créer une école des cadres.

DH: Avant 2OO3 le sabre coréen est inconnu en France…
MC: Oui. Les débuts ont été difficiles, mais la fédération s’est constituée et compte aujourd’hui 500 adhérents. En mars 2004 nous avons été invités pour la première fois au Festival des Arts Martiaux de Bercy, depuis nous participons à tous les festivals. En 2013, nous avons été invités à ouvrir un cours au Cercle Tissier à Vincennes (Centre Européen d’Arts Martiaux).

Pendant que Maître Capozzi s’entretient avec moi, les élèves ont commencé leur échauffement : par couples, ils s’entraînent à la pratique de gestes précis.
Le maître rejoint les élèves et leur présente un exercice. Il s’agit d’éviter une attaque de l’adversaire, et de se mettre en situation de protection. Les élèves utilisent un sabre en bois, ou en mousse renforcée. A haut niveau, l’Art se pratique avec un véritable sabre pesant près de deux kilos…
Lors de la démonstration du maître le geste semble évident. Les élèves passent à la pratique. A tour de rôle, l’un « joue » l’assaillant, et l’autre doit exécuter la parade.
Il m’apparaît alors que ce qui semblait évident n’est pas si simple à mettre en pratique!
Maître Capozzi revient vers moi…

MC: « C’est très compliqué », me dit-il en souriant. Voyez-vous, l’art du sabre coréen ne cherche pas à détruire, il s’agit avant tout de protéger la vie. Je me protège pour protéger les autres…

DH: Quand même avec un sabre de deux kilos…
MC: Le principe est de se battre à un contre plusieurs : de cette façon, en mobilisant l’attention d’un grand nombre d’agresseurs je peux protéger la vie des miens. Et pour cela je dois d’abord penser à me protéger.

DH: En éliminant vos adversaires? On pense à « Kill Bill »…
MC: C’est peut-être l’image qu’a le grand public. Pour le pratiquant du Haidong Gumdo, il s’agit avant tout de se maîtriser. La réponse doit être juste. Dans un premier temps je me protège, je montre à l’adversaire qu’il ne peut pas m’atteindre. Normalement, cela doit suffire à éviter l’affrontement. S’il insiste, je lui montre que je peux aussi lui faire très mal. En général, il va hésiter et rompre le combat. En dernier recours, je porte un coup fatal : le sabre est fait pour pourfendre, et avec une arme de deux kilos vous pensez bien que chaque coup peut être fatal.

Le maître retourne vers ses élèves, corrige les postures, les gestes. Avec patience, mais exigence.

DH: C’est un art qui semble très exigeant…
MC: Le Haidong Gumdo est un art de combat. Il ne faut pas l’oublier. Cela réclame un engagement total. Ces élèves sont débutants mais ils sont appelés à manier un jour un sabre de combat. C’est un apprentissage et un art qui demande beaucoup d’humilité. Il est nécessaire de respecter l’adversaire. Il y a bien sûr un côté ludique, mais qui s’accompagne d’un côté moral.

DH: Vous êtes le délégataire officiel du président fondateur Kim Jeong Ho en France. Directeur technique national, vous avez formé les cadres français, et vous donnez un cours à des débutants à Saint Augustin…
MC: C’est normal, j’habite à Saint Augustin! J’y suis arrivé en 2010 et je me suis senti accueilli. C’est un endroit qui vibre. Les cadres adorent venir s’entraîner ici, ils ressentent une énergie particulière. Le maire nous a autorisé à tenir un camp en mai dernier près de l’Aubetin lors d’un Week-end. C’est une expérience très enrichissante que je souhaite renouveler.

DH: Vous m’avez dit être à la recherche d’un lieu sur la commune.
MC: Bien sûr, j’habite à Saint Augustin et je souhaite pratiquer à Saint Augustin. Je voudrais créer une salle, même si ce n’est au départ qu’une grange qu’il faut aménager. Nous avons besoin d’un espace d’au moins 100m2, et il nous faudrait un espace vestiaire ainsi que des sanitaires…

Le Haidong Gumdo est un art martial centré sur la pratique avec sabre, qui puise ses racines dans les techniques développées par les guerriers du royaume Goguryeo. Sa forme moderne officielle a été synthétisée par le Grand Maître KIM Jeong Ho, Président de la World Haidong Gumdo Federation.
Le Haidong Gumdo est construit à partir de mouvements très dynamiques, et la puissance de chacune des techniques capture souvent tant l’oeil du pratiquant que l’imagination de ce dernier. La simple définition de l’art est, en effet, déjà évocatrice : Haidong Gumdo signifie littéralement « la voie du rayon du soleil qui illumine au-delà de la mer de l’Est ».

Maître Capozzi a été récemment nommé Grand Maître.
Il est Secrétaire Général de European Haidong Gumdo Association et
Directeur Technique France.