Nouveaux instructeurs : leur perception de l’École des cadres.

La rédaction : Comment vivez-vous votre 1ère expérience à l’école nationale des cadres instructeurs ?

Noémie :
Les mots qui me viennent à l’esprit pour décrire cette expérience sont : partage intense.
 C’est en effet la sensation prépondérante que je ressens à chaque week-end à l’école des cadres. La quantité de connaissances que maître Capozzi partage avec nous chaque week-end est énorme.
 Des connaissances techniques évidemment, mais aussi des valeurs, des ressentis, toute une vision de la pratique du Haidong Gumdo et des situations de vie en général. Au niveau du partage, il y a ce qui est dit, ce qui est ressenti, ce qui est sous-entendu, ce qui paraît évident et pourtant qui me fait cogiter plusieurs semaines, mais aussi ce qui n’est ni dit, ni sous-entendu, ni corporellement exprimé, mais qui est pourtant là.

Une sorte de mélange de tout ça, de lignes entre les lignes, ce que je sens changer mais sans vraiment savoir ce que c’est, qui est planté et qui mettra beaucoup de temps à être compris. C’est peut-être un peu étrange et incompréhensible, mais c’est aussi ça l’école
 des cadres ! 

Et pour intensifier encore plus ces week end, il y a bien évidemment du partage avec les autres cadres. Chaque personne démultiplie tous ces échanges au niveau de la compréhension, des sensations, de la volonté d’aller plus loin, de la pratique, des amitiés qui se lient.

Tout cela fait de ces week end des bombes d’informations et d’émotions aussi
intenses en qualité qu’en quantité à digérer.

Michèle :
J’ai entamé ma deuxième année de pratique du Haidong Gumdo en venant au premier jour de formation à l’école des cadres. Je savais que quelque chose d’important allait m’arriver et j’ai compris quand maître Capozzi a dit : « Il y a des choses qui vont naitre et d’autres qui vont mourir ».

Ces mots raisonnent encore et continuent de m’accompagner comme une évidence. Ils sont le symbole de mon entrée à l’école des cadres. S’est ensuivi un sentiment de sérénité quand la pluie a commencé à tomber au moment où nous nous sommes tous mis en kimasae après l’échauffement. J’étais pourtant épuisée. Mais je savais que j’étais au bon endroit. Ça c’était l’entrée en matière.

Maintenant que je suis un peu plus rentrée dans le vif du sujet (qui n’est encore que le début du chemin…) je suis d’autant plus surprise que je ne m’attendais pas à me remettre en question dans des zones aussi fondamentales et intimes. Pour quelqu’un qui vient d’arriver, je vous garantis que c’est troublant de se sentir observé aussi profondément par autant de personnes à la fois, tout en ayant la sensation que chacun en est passé par là.

J’y vois de l’attention et du respect mutuels, un savoir être réel. C’est une expérience rarissime et très riche qu’il est important de préserver parce qu’à cet endroit et à ce moment, on ne peut que se montrer tel que l’on est, avec tout ce que ça implique. Cela demande de la bienveillance et de l’honnêteté vis à vis de soi et vis à vis des autres. C’est parce que ça n’est pas toujours évident que c’est un bel objectif, et ça a le mérite d’être authentique, clair, et très concret à travers la pratique du sabre.
Il s’agit de ma première expérience dans les arts martiaux et je considère que j’ai beaucoup de chance d’y faire mes premiers pas à travers le Haidong Gumdo tel qu’il est pratiqué et enseigné à l’école des cadres pour les raisons que je viens d’évoquer.

Florian :
J’arrive à l’EDC après deux années d’école des assistants, c’est un vrai plaisir de voir autant de personnes passionnées par le Haidong Gumdo qui avancent dans le but de promouvoir et de partager ce qu’ils ont trouvé dans cet art martial

La rédaction : Et votre perception du programme école des cadres ?

Noémie :
Ce qui est étrange, c’est que j’en ai justement rêvé cette nuit : lors d’une école des cadres, nous partions tous faire de l’humanitaire. Ce rêve extrapole un peu, mais la symbolique est révélatrice de ma perception du programme : il ne se limite pas à l’apprentissage de techniques, mais se veut d’une portée bien plus profonde.

J’en reviens à ce que je disais dans la question précédente : lors de notre pratique à l’école des cadres, il n’y a pas une technique singée, mais des choses qui s’imbriquent intérieurement, des compréhensions lentes mais durables, une façon de réfléchir, de se comporter, de percevoir qui s’installe plus ou moins consciemment. Le programme demande de donner de soi pour l’investir. Sur seulement 3 week end, je n’ai pas une vue d’ensemble du programme, ni une compréhension systématique de la finalité de chaque exercice. Mais le programme me convient et me semble complet. C’est exactement ce que j’attendais de l’école des cadres.

Michèle :
Ce qui m’épate le plus, c’est la consistance et la cohésion de l’ensemble de l’enseignement théorique et pratique. Un esprit spécifique s’en dégage, et cet esprit constitue une unité de corps et de pensée essentielle : il donne du sens à ce qui nous est transmis. Il nourrit l’intention, la décision, et par extension l’acte. Avant l’école des cadres, je n’avais pas conscience de ce qu’étais un art martial, encore moins un champ d’honneur. Maintenant, je commence à comprendre de quoi il s’agit et à voir les choses autrement.

 Qui plus est, je suis étonnée par le nombre d’exercices que nous faisons en un week-end. Ils sont pédagogiques car ils suivent une progression logique tout en étant créatifs. Ils donnent une idée assez vaste du champ des possibilités en terme d’apprentissage et de transmission. Il y a certaines choses que je comprends assez rapidement, d’autres que je ne saisis que plus tard en m’entrainant par la suite, sans compter tout ce qui m’échappe encore complètement. Ce programme d’enseignement est structuré, humain, généreux, vivant, étonnant, dense et c’est tant mieux. Donc chapeau bas et un grand merci !

Alexandre :
J’aimerais distinguer deux programmes, le premier, d’école de vie, d’humilité, de savoir vivre, d’écoute et de disponibilité et le second de technique.
Le premier est pour moi le plus difficile car il implique de savoir se connaitre sans voile ou aveuglement volontaire sur ses défauts, puis de se travailler, et de se changer, d’apprendre à écouter, avec son être tout entier. D’agir naturellement sans les différentes conventions, de façon juste.
La technique est étonnante par la diversité que l’on y découvre et me porte à admirer le travail qui a été accomplis par tous ceux qui, avant nous ont pratiqués cet art et ont su lui conserver cette richesse avec des principes accessibles.